LIRE - ECRIRE - DECRIRE : l'art, un chemin...


Enquête : qu'est-ce que "le beau" ?



« L'art ne reproduit pas le visible, il rend visible », Paul Klee


"La mission de l'art n'est pas de copier la nature, mais de l'exprimer",

Balzac, Le Chef-d'oeuvre inconnu, 1831


« L'art n'est pas une question de technique, mais de vision »,

Proust, Le Temps retrouvé



« Tout est signe, et tout signe est message », Proust


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Exercices de style, pastiches et mélanges

« Le style, c'est l'homme même », Buffon

ECRIRE - DECRIRE : entrer en litté-RATURE...


"Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage, polissez-le sans cesse, et le repolissez"


Nicolas Boileau
, L'Art poétique (1674)


Lire un portrait : une "jeune personne"

Eugénie Grandet, Balzac


Victorine Taillefer dans Le Père Goriot de Balzac : "une pauvre jeune fille"

"Quoique mademoiselle Victorine Taillefer eût une blancheur maladive semblable à celle des jeunes filles attaquées de chlorose, et qu'elle se rattachât à la souffrance générale qui faisait le fond de ce tableau, par une tristesse habituelle, par une contenance gênée, par un air pauvre et grêle, néanmoins son visage n'était pas vieux, ses mouvements et sa voix étaient agiles. Ce jeune malheur ressemblait à un arbuste aux feuilles jaunies, fraîchement planté dans un terrain contraire. [...] Elle était jolie par juxtaposition. Heureuse, elle eût été ravissante : le bonheur est la poésie des femmes, comme la toilette en est le fard."

=> L'épouse de Ling dans "Comment Wang-Fô fut sauvé", Marguerite Yourcenar, Nouvelles orientales



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Lire une scène : l'incipit de Madame Bovary, Flaubert (1957)


L'autre, un sujet en question : l'accueil du "nouveau"

L'incipit de Madame Bovary, Flaubert (1857) : un roman réaliste


Nous étions à l'Etude quand le Proviseur entra, suivi d'un nouveau habillé en bourgeois et d'un garçon de classe qui portait un grand pupitre. Ceux qui dormaient se réveillèrent, et chacun se leva comme surpris dans son travail.

Le Proviseur nous fit signe de nous rasseoir ; puis, se tournant vers le maître d'études :

-- Monsieur Roger, lui dit-il à demi-voix, voici un élève que je vous recommande, il entre en cinquième. Si son travail et sa conduite sont méritoires, il passera dans les grands, où l'appelle son âge.

Resté dans l'angle, derrière la porte, si bien qu'on l'apercevait à peine, le nouveau était un gars de la campagne, d'une quinzaine d'années environ, et plus haut de taille qu'aucun de nous tous. Il avait les cheveux coupés droit sur le front, comme un chantre de village, l'air raisonnable et fort embarrassé. Quoiqu'il ne fût pas large des épaules, son habit-veste de drap vert à boutons noirs devait le gêner aux entournures et laissait voir, par la fente des parements, des poignets rouges habitués à être nus. Ses jambes, en bas bleus, sortaient d'un pantalon jaunâtre très tiré par les bretelles. Il était chaussé de souliers forts, mal cirés, garnis de clous.

On commença la récitation des leçons. Il les écouta de toutes ses oreilles, attentif comme au sermon, n'osant même croiser les cuisses, ni s'appuyer sur le coude, et, à deux heures, quand la cloche sonna, le maître d'études fut obligé de l'avertir, pour qu'il se mît avec nous dans les rangs.

Nous avions l'habitude, en entrant en classe, de jeter nos casquettes par terre, afin d'avoir ensuite nos mains plus libres ; il fallait, dès le seuil de la porte, les lancer sous le banc, de façon à frapper contre la muraille, en faisant beaucoup de poussière; c'était là le genre.

Mais, soit qu'il n'eût pas remarqué cette manoeuvre ou qu'il n'eût osé s'y soumettre, la prière était finie que le nouveau tenait encore sa casquette sur ses deux genoux. C'était une de ces coiffures d'ordre composite où l'on retrouve les éléments ...


Lire une description : la casquette de Charles


RACONTER – DECRIRE – ARGUMENTER - REPRESENTER



Rédaction :


1. La suite de texte

Imaginez la casquette de Charles (15 lignes minimum)


2. La description d'un objet magique.

Décrivez un objet familier et fantastique à la fois.


3. A partir de l'exemple du texte et ces deux premiers essais de rédaction, vous imaginerez une scène qui témoigne de votre attachement à un objet en essayant d'expliquer ce qu'il représente pour vous (100 lignes).


*****


LIRE UN PORTRAIT


L'art du portrait dans le roman du XIXème siècle
Le roman et ses personnages : visions de l'homme et du monde
Le making of du roman de formation collectif "générationnel" de la 2de 4



Femme à l'ombrelle, Claude Monet (1886)

1. la question sur le corpus :
corpus sur le portrait dans les romans du XIXème siècle (extraits de Pierrette de Balzac, de Madame Bovary de Flaubert, de Une Vie de Maupassant)

Comment l'engagement du romancier se manifeste-t-il dans chacun de ces portraits ?


I - LIRE



Portrait de Juliette Courbet endormie sur son livre - Gustave Courbet (vers 1841)

Lire un portrait : une "jeune personne"

Victorine Taillefer dans Le Père Goriot de Balzac : "une pauvre jeune fille"


"Quoique mademoiselle Victorine Taillefer eût une blancheur maladive semblable à celle des jeunes filles attaquées de chlorose, et qu'elle se rattachât à la souffrance générale qui faisait le fond de ce tableau, par une tristesse habituelle, par une contenance gênée, par un air pauvre et grêle, néanmoins son visage n'était pas vieux, ses mouvements et sa voix étaient agiles. Ce jeune malheur ressemblait à un arbuste aux feuilles jaunies, fraîchement planté dans un terrain contraire. [...] Elle était jolie par juxtaposition. Heureuse, elle eût été ravissante : le bonheur est la poésie des femmes, comme la toilette en est le fard."


Portrait de Juliette Courbet, Gustave Courbet, 1844


"La vie, voyez-vous, ça n'est jamais si bon ni si mauvais qu'on croit"
Maupassant,
Une Vie




Lire et comparer :


Les portraits de Victorine dans Le Père Goriot de Balzac et de Pauline dans La Joie de vivre de Zola (p. 240).

Comparer Renée dans La Curée (p. 236) et Lisa, mère de Pauline, dans Le Ventre de Paris (p. 239) de Zola



II - ECRIRE

Entraînement à l'exercice d'invention : décrivez le cadre spatio-temporel d'un roman, puis faites le portrait d'un personnage, à la manière de Balzac, puis de Zola...


"La mission de l'art n'est pas de copier la nature, mais de l'exprimer!"
Balzac, Le Chef -d'oeuvre inconnu (1831)

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Le portrait – L'art du portrait

Le roman et ses personnages : visions de l'homme et du monde

X L'argumentation directe/indirecte - L'éloge et/ou le blâme (les degrés)

X Les mouvements culturels du XIXème siècle

Le personnage de roman : héros ou personnage ?

X Le théâtre – La poésie

Réalité ou fiction ? (p.539) – "miroir" ou "beau mensonge" ?

I – LIRE - Le roman de formation (ou d'apprentissage) : Le Père Goriot, Balzac

II – ECRIRE - le roman collectif générérationel et son making of


"La mission de l'art n'est pas de copier la nature, mais de l'exprimer! "Tu n'es pas un vil copiste, mais un poète !"
Balzac, Le Chef -d'oeuvre inconnu (1831)


L'ART DU PORTRAIT : du portrait physique au portrait moral (description et/ou argumentation), le portrait en action (scène ou dialogue)

L'ART DE LA DESCRIPTION : elle se fait en général de haut en bas (décrire signifie également énumérer) . Les Arts poétiques insistent sur la dynamique du mouvement vertical et l'exhaustivité.



Le portrait – L'art du portrait

Le roman et ses personnages : visions de l'homme et du monde

X L'argumentation directe/indirecte - L'éloge et/ou le blâme (les degrés) X Les mouvements culturels

Le personnage de roman : héros ou personnage ?

X Le théâtre – La poésie

Une enquête sur la place du sujet dans l'histoire des représentations

Réalité ou fiction ? (p.539) – miroir ou mensonge ?

I – LIRE - Le roman de formation (ou d'apprentissage) : Le père Goriot, Balzac

II – ECRIRE - le roman collectif générérationel et son making of

tempoeroman.blogspot.com


"La mission de l'art n'est pas de copier la nature, mais de l'exprimer! "Tu n'es pas un vil copiste, mais un poète !""
Le Chef -d'oeuvre inconnu, Balzac (1831)


L'ART DU PORTRAIT : Etre de papier, le personnage de fiction, s'il peut faire parfois faire rêver son lecteur, le séduire ou l'émouvoir au point qu'il peut apparaître comme un modèle et provoquer un processus d'identification (comme chez Emma Bovary, l'héroïne de Flaubert, grande lectrice de romans), reste pourtant une construction romanesque. Héros ou personnage, il peut aussi favoriser son apprentissage (sujets de dissertation n° 6 et 11).


La caractérisation du personnage commence par son nom ou son prénom. Les autres caractéristiques du personnage sont principalement physiques, psychologiques ou morales. Toutes ont pour but de lui prêter une existence autonome et de lui donner vie et consistance dans l'imagination du lecteur. Le personnage est aussi caractérisé historiquement ou socialement par une condition et/ou des convictions : dans Le Père Goriot de Balzac, Rastignac est "fils d'une famille noble", Julien Sorel, dans Le Rouge et le Noir de Stendhal, est "fils de bûcheron" et admirateur de Napoléon. Enfin, un personnage est caractérisé par sa "voix", c'est-à-dire par le style de son langage, quelle que soit la façon dont ses paroles sont rapportées (discours direct, indirect ou indirect libre comme souvent chez Flaubert et Zola).

Le portrait relève d'abord de la typologie du texte descriptif. Il peut être physique, moral et/ou inscrire le personnage dans une scène (portrait en paroles et en action). Le portrait médiéval est soumis à des règles précises, édictées par les Arts poétiques qui insistent sur l'exhaustivité, la dynamique du mouvement vertical et les couleurs. La description se fait de haut en bas, elle est, en général, statique ("décrire" signifie également énumérer) : on examine dans l'ordre la chevelure, le front, les sourcils et l'intervalle qui les sépare, les yeux, les joues et leur teint, le nez, la bouche et les dents, le menton ; puis le corps : du cou, de la nuque et des épaules aux jambes et aux pieds. Les couleurs du portrait sont également codifiées : le vermeil pour les pommettes et les lèvres ; le blanc pour le teint de porcelaine ; le doré (blond) pour la chevelure. Le portrait médiéval doit avant tout être lumineux. La description inaugurale possède souvent une valeur programmatique : dès la première apparition du personnage éponyme, le narrrateur brosse le portrait du chevalier idéal du roman courtois qui annonce l'histoire d'amour et de chevalerie. D' Erec et Enide de Chrétien de Troyes à La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette, le héros et l'héroïne sont d'une beauté superlative (cf. Le portrait du prince de Nemours). Enide, l'héroïne de naissance aristocratique, se distingue des paysans (les "vilains") par son éclatante beauté : malgré ses haillons et la misérable demeure où elle vit, Erec, le chevalier, n'a aucun mal à la reconnaître comme "sa dame".


La physiognomonie : l'éloge et/ou le blâme

Déjà, dans le portrait médiéval, le portrait physique est considéré comme le reflet de l'intériorité : un homme laid est forcément mauvais, une belle femme forcément sage et vertueuse. Dans la chanson de geste où les personnages sont des types (le chevalier, le roi, le traître, la femme à conquérir, etc.), cette logique du portrait convient parfaitement, mais dans le genre romanesque, les personnages s'étoffent et se complexifient : ils ne sont plus ni tout à fait bons ni tout à fait mauvais. Le roman se fait individuel, initiatique : il s'agit de l'histoire d'un individu, et pas de l'Histoire d'une nation. Le portrait physique du personnage, codifié portrait de l'âme, n'est plus toujours en adéquation avec le héros. Les changements de "vêture" marquent le plus souvent un changement social pour traduire une évolution au cours de son parcours initiatique : le costume et la nourriture signalent le statut social des personnages, symbolisent les situations de l'intrigue, soulignent les moments significatifs de la fiction.


LIRE : lecture comparée de deux portraits d'une même personne.

Comparez les deux portraits du père Goriot au début du roman de Balzac et analysez comment le changement de statut social du héros éponyme se révèle par la dégradation de son apparence physique et de son mode de vie (la description du corps, des postures du personnage, de son costume, de ses habitudes alimentaires et due son logement : le passage symbolique du 2ème au 3ème étage de la pension Vauquer), des réactions de son entourage.

ECRIRE : composition contrastée de deux portraits d'une même personne.

A votre tour, composez un double portrait en diptyque "à la manière de Balzac". Vous pouvez vous inspirer du sujet d'invention des EAF 2008 : décrire un personnage que le narrateur a connu beaucoup plus jeune et opposer cette description de l'image qu'il en avait gardée à celle qui se présente à ses yeux au moment où il raconte cette rencontre. Les modifications observées ne seront pas forcément des signes de dégradation : le personnage décrit peut avoir évolué de façon positive.

=> portraits comparés de Gervaise et de sa blanchisserie dans L'Assommoir de Zola

Dans le roman réaliste du XIXème siècle, le portrait des personnages s'inscrit dans le cadre d'une description du cadre de vie qui précède souvent leur entrée en scène (la description de Verrières dans Le Rouge et le Noir de Stendhal, celle de la pension Vauquer dans Le Père Goriot de Balzac ou du passage du Pont-Neuf dans Thérèse Raquin de Zola). La "captatio benevolontiae" de l'incipit se présente de façon plus variée : la description du cadre spatio-temporel, une scène (l'arrivée du nouveau et le chahut de la salle d'étude dans Madame Bovary de Flaubert), un portrait en action (Bel-Ami de Maupassant). Le héros est rarement décrit de manière statique (cf. Le premier portrait de Rastignac) : Zola met en scène l'arrivée d'Etienne Lantier aux mines de Montsou dans Germinal ou celle de Denise et de ses frères dans Au Bonheur des Dames.

La rhétorique classique distinguait la description qui a pour objet la figure, le corps, les traits, les qualités physiques ou seulement l'extérieur, le maintien, le mouvement d'un être animé, réel ou fictif (la prosographie), de la description qui a pour objet les moeurs, le caractère, les vices, les vertus, les talents, les défauts, enfin les bonnes ou les mauvaises qualités morales d'un personnage réel ou fictif. Elle opposait le portrait au caractère à partir du nombre d'individus porteurs des traits : si l'objet de la description était un individu, il était question de portrait, si elle tendait à la généralisation, de caractère.

A partir du XVIIIème siècle : le théâtre "de caractère" devient théâtre "de situation" (Diderot, Le Paradoxe sur le comédien).

Au XIXème siècle, le roman réaliste distingue "le type" à"l'individu".

Sujet de dissertation n°16. " Un roman réaliste est un roman qui fait vivre devant nous dans un cadre minutieusement décrit – dont ils sont au reste inséparables – des personnages qui sont à la fois des types et des individus."

Vous commenterez ce jugement en vous appuyant sur des exemples précis empruntés aux romans réalistes que vous avez étudiés et sur les textes du corpus.

cf. L'éloge et/ou le blâme (l'allégorie, la caricature, la satire : sublimation, idéalisation ou dégradation)

=> la galerie de portraits de "La Comédie humaine".

Le personnage est non seulement indissociable du milieu où il vit, mais il ne peut se concevoir sans une dynamique qui le fait entrer en relation avec les autres protagonistes (à l'intérieur du récit, un personnage de roman se définit par ce qu'il fait, de la même façon qu'un personnage de théâtre s'inscrit dans l'action dramatique). Force agissante ou élément passif, mû par ses désirs et des ambitions, capable d'actions ou enlisé dans l'inertie, il se situe nécessairement dans un schéma actantiel de la narration : dans L'Assommoir de Zola, le sujet qui accomplit l'action est Gervaise, l'objet de sa quête : le bonheur dans sa vie familiale et professionnelle, le destinataire : elle-même et ses enfants, l'adjuvant : Coupeau (avant son accident), les opposants : Lantier, l'alambic.


Le roman de formation (ou d'apprentissage) : un parcours initiatique.

Dans le roman médiéval, le lecteur comme le héros passe très rapidement du connu à l'inconnu, ce qui le déstabilise et l'invite à s'interroger ( (sujets n° 15, 17, 18, 21, 23). Il quitte le château, lieu de la familiarité, pour pénétrer dans la forêt qui représente l'univers de "la merveille".

Dans le roman balzacien, Rastignac quitte aussi la protection du château familial. Il se transforme au cours du récit à rebondissements. Mais, l'orientation de sa quête dans le roman de formation de Balzac se situe aux antipodes de la quête courtoise : in fine, ce n'est pas pour défendre et protéger "sa dame" , mériter son amour, qu'il met en oeuvre les ressources de son intelligence et de sa sensibilité, mais pour entrer dans la "jungle sociale" de "La Comédie humaine" et conquérir la capitale (l'argent et le pouvoir) :

"Rastignac, resté seul, fit quelques pas vers le haut du cimetière et vit Paris tortueusement couché le long des deux rives de la Seine, où commençaient à briller les lumières. Ses yeux s'attachèrent presque avidement entre la colonne de la place Vendôme et le dôme des Invalides, là où vivait ce beau monde dans lequel il avait voulu pénétrer. Il lança sur cette ruche bourdonnant un regard qui semblait par avance en pomper le miel, et dit ces mots grandioses : -- A nous deux maintenant !"

Le point de vue omniscient :

dans le roman médiéval, l'ironie marque souvent une distance amusée du narrateur vis à vis de ses personnages , d'où des pointes d'humour qui jalonnent le texte. Le narrateur se met parfois brusquement sur le devant de la scène. Son discours peut se faire moralisateur.

Dans le roman balzacien, le narrateur, présence diffuse, (dieu ou démiurge ?) est présent partout et nulle part (entre focalisation externe/interne et focalisation zéro). Au départ, le regard semble objectif (points de vues externes et internes distincts), puis le narrateur se confond avec l'auteur dans une vue d'ensemble de l'espace et du temps de l'action romanesque, excédant de beaucoup celle qu'en ont les divers personnages. Balzac, romancier « omniscient », dirige le lecteur et impose « sa vision ».


"Balzac est un visionnaire, mais un visionnaire passionné", Baudelaire


ARS : signifie à la fois savoir et savoir faire

PORTRAIRE : dessiner (1175 : portret, pourtrait)

PEINDRE : (1080) - lat pingere – 1. couvrir, colorer avec de la peinture => représenter, reproduire par la peinture (par le discours)

L'AUTOPORTRAIT : « Le sot projet qu'a eu Montaigne de se peindre », Pensées, Pascal (XVIIème siècle)

« Le charmant projet qu'a eu Montaigne de se peindre naïvement comme il l'a fait, car il a peint la nature humaine», Voltaire, Lettres philosophiques, 1734

"Quand je vous parle de moi, je vous parle de vous", Victor Hugo

LE PITTORESQUE : qui est digne d'être peint (1708 – it. Pittoresco, de pittore : peindre)

LA PHYSIOGNOMONIE : détermination du caractère d'une personne d'après les traits et la conformation de son visage, son apparence physique. La physiognomonie (du grec ancien physiko, le corps, et gnomos, la connaissance) connut son essor au XIXe siècle ; aujourd'hui elle n'a plus aucune autorité scientifique.


Bibliographie sommaire: le portrait, l'auto-portrait et l'autoportrait en littérature

Les Regrets, Du Bellay; Essais, Montaigne ;

Les Caractères, La Bruyère ; Maximes, La Rochefoucaultd ; Fables, La Fontaine ; La Princesse de Clèves, Mme de La Fayette ; les comédies de Molière (la scène des portraits dans Le Misanthrope, II, 4); les tragédies de Racine

Les Confessions, JJ Rousseau ;

René, Mémoires d'outre-tombe, Chateaubriand ;

"Fonctions du poète", Victor Hugo ; "L'Albatros", "Le Confiteor de l'Artiste", Baudelaire (autoportraits du poète)

A La Recherche du temps perdu, Proust

Enfance, Nathalie Sarraute; Les Mots, Sartre ; L'Age d'homme, Michel Leiris ; Si c'est un homme, Primo Levi ; La Douleur, Marguerite Duras ; La promesse de l'aube, Romain Gary...

Littérature et peinture : récits qui mettent en scène des personnages de peintres

(être/paraître – nature/art - « miroir »/ « beau mensonge » - vrai/faux)

Le chef-d'oeuvre inconnu ; La Maison du chat-qui-pelote : nouvelles de Balzac

L'Oeuvre, Zola (Claude Lantier, fille de Gervaise, frère d'Etienne dans Germinal)

Le Portrait, Les Nouvelles de Petersbourg, Nicolas Gogol

Le Portrait de Dorian Gray, Oscar Wilde

Narcisse et Goldmund, Rosshalde, Hermann Hesse

Comment Wang ô fut sauvé, Marguerite Yourcenar (Nouvelles orientales)


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"Fair is foul and foul is fair"
Macbeth, Shakespeare cité par Victor Hugo dans la préface de Cromwell, 1827

Une esthétique romantique ou réaliste ?

ENQUETE : Qu'est-ce que le beau ?

"La beauté est une chose sévère et difficile qui ne se laisse point atteindre ainsi, il faut attendre ses heures, l'épier, la presser et l'enlacer étroitement pour la forcer à se rendre."
Le Chef-d'oeuvre inconnu, Balzac, 1831


Lire des portraits de peintres dans le roman du XIXème siècle :

Le Chef-d'oeuvre inconnu
, Balzac (1831)

L'Oeuvre, Zola (1886), pp. 248-246

Du Romantisme au Réalisme et au Naturalisme

Du Réalisme fantastique de Balzac au Naturalisme épique de Zola



=> fiche complémentaire : Balzac, La Comédie humaine et le Symbolisme


"C'est la contradiction qui donne la vie en littérature", Illusions perdues, Balzac

"Tout est dans la forme", Illusions perdues
, Balzac



"All is true"...



...................................................................



Prochainement : tempoeart

Une enquête sur la place du sujet dans l'histoire des représentations :

Qu'est-ce que "le beau" ?


de "la substantifique moëlle", de Socrate à Rabelais à "La Comédie humaine" de Balzac
de "la belle personne" de La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette aux Choses de Georges Perec


"L'art ne reproduit pas le visible, il rend visible", Paul Klee


de "L'Ecole d'Athènes" de Raphaël au "Rire panique" de Roland Topor, 1986 (p.107),
de "La Joconde" de Léonard de Vinci (XVème siècle) à la reproduction de "La Joconde de Léonard, portant une moustache" de Marcel Duchamp, 1919 (p. 495)

"Je ne représente pas, je présente. Je ne dépeins pas, je peins", Pierre Soulages
(exposition au centre Georges Pompidou)



LIRE ECRIRE : L'ART, UN CHEMIN...


Enquête : qu'est-ce que le beau ?

Synthèse sur les mouvements culturels : tempoeart


« L'art ne reproduit pas le visible, il rend visible », Paul Klee


"La mission de l'art n'est pas de copier la nature, mais de l'exprimer", Balzac, Le Chef-d'oeuvre inconnu, 1831


« L'art n'est pas une question de technique, mais de vision », Proust, Le Temps retrouvé



Le Réalisme : de Balzac à Flaubert

www.tempoeroman.blogspot.com

LE REALISME


"Le réaliste, s'il est un artiste, cherchera, non pas à nous montrer la photographie banale de la vie, mais à nous en donner la vision plus complète, plus saisissante, plus probante que la réalité même."

Maupassant, préface de
Pierre et Jean

Des Glaneuses, Jean-François Millet, 1857


Comment lire une page réaliste ?


Comment écrire
"à la manière" de Flaubert ?

"La nature de cette langue est d'être claire, logique, nerveuse", préface de Pierre et Jean, Maupassant

« Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement », Nicolas Boileau, "Art poétique"


Gustave Flaubert, Eugène Giraud (vers 1856)

LE REALISME :
la concision et l'impassibilité de Flaubert (le « dé-lyre » réaliste)

« Emma silencieuse, regardait tourner les roues », Madame Bovary


Comment écrire "à la manière" de Flaubert : retrouvez la concision du style de Flaubert

[Tout à coup la Marseillaise retentit et Hussonnet et Frédéric se penchèrent sur la rampe pour voir le peuple qui se précipitait dans l'escalier et qui secouait à flots vertigineux, des têtes nues, des casques, des bonnets rouges, des baïonnettes et des épaules. On n'entendait plus que les piétinements de tous les souliers qui se mélangeaient au clapotement des voix, cependant que la foule inoffensive se contentait de regarder.]


« Pauvre petite femme ! Ca bâille après l'amour, comme une carpe après l'eau sur une table de cuisine. » Flaubert, Madame Bovary


L'ambivalence de Flaubert, tiraillé entre ses élans romantiques (traqués férocement dans ses oeuvres) et sa critique du romantisme :


« Il y a en moi, littérairement parlant, deux bonshommes distincts : un qui est pétri de gueulades, de lyrisme, de grands vols d'aigles, de toutes les sonorités de la phrase et des sommets de l'idée; un autre qui fouille et creuse le vrai tant qu'il peut », Lettre à Louise Colet, 16 janvier 1852


"Emma Bovary, c'est moi et ce n'est pas moi", Flaubert


« Ne me jugez pas d'après ce roman. Je ne suis pas de la génération dont vous parlez – par le coeur du moins. Je tiens à être de la vôtre, j'entends de la bonne, celle de 1830. Tous mes amours sont là. Je suis un vieux romantique enragé, ou encroûté, comme vous voudrez. », Lettre à Sainte-Beuve après son article sur Madame Bovary, 5 mai 1857


cf. les échappées romantiques de Madame Bovary qui donnent un caractère polyphonique au roman.


« C'est la contradiction qui donne la vie en littérature », Balzac, Illusions perdues




"La nature de cette langue est d'être claire, logique, nerveuse", préface de Pierre et Jean, Maupassant

« Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement », Nicolas Boileau, "Art poétique"




LES MOUVEMENTS - LE REALISME : comment lire une page réaliste ?

Le roman et ses personnages : visions de l'homme et du monde

L'effet de réel : "miroir" de la réalité ?


"All is true"...



Fiche de synthèse : le réalisme dans le récit du XIXème siècle (p. 231)

Corpus de la séquence 15 (pp. 219-229)

Questions 1 et 2 (p. 221)

Questions 1, 2, 3, 4, 5 + "D'un texte à l'autre" (p. 229)


Documents polycopiés :

Les incipits et les portraits de romans réalistes du XIXème siècle

Le sujet de dissertation n° 16


Manuel de français : le roman, un "miroir qu'on promène le long d'un chemin" , Stendhal (exemple de dissertation rédigée, p. 539)


Romans réalistes : Le Rouge et le Noir, Stendhal ; Le Père Goriot, Balzac ; Madame Bovary, Flaubert ; Bel-Ami, Une Vie, Pierre et Jean, Maupassant


Lecture de programmes ou manifestes :

Balzac, Avant-propos à La Comédie humaine, 1842

Maupassant, préface de Pierre et Jean



"Le vrai peut quelquefois n'être pas vraisemblable"

Maupassant, préface de Pierre et Jean


En fait, le "Réalisme" est impossible à réaliser.

Toute représentation du "réel" est lecture(-re), art, au sens d'artifice.

Toute visée didactique implique une transformation du "réel", une médiation.

Le roman dit "naturaliste" suit la logique du réalisme.



LE "DE-LYRE" réaliste


Les précurseurs du réalisme appartiennent à la génération romantique de 1830. En rupture avec l'idéalisation des siècles précédents, ils manifestent les premiers la volonté de peindre de manière exhaustive (Balzac) et minutieuse (Stendhal) le réel dans ses composantes psychologiques, sociales et historiques. Ils se sont attachés à observer les moeurs et à donner l'illusion du réel en inscrivant l'action dans la réalité. Les lieux décrits deviennt des représentations exactes de la réalité.

Stendhal, Le Rouge et le Noir, "Chronique de 1830"

Balzac, La Comédie humaine

Zola, L'Histoire naturelle et sociale d'une famille sous le Second Empire (la série des Rougon-Macquart)


L'observation :

Avec Flaubert et les réalistes de 1850, ce courant principalement romanesque précise ses objectifs : prendre ses distances avec l'idéalisation romantique, "peindre le dessus et le dessous des choses", déclare Flaubert, "faire beau" grâce au "faire vrai". Cette ambition s'accompagne d'une traque documentaire des "détails" révélateurs de la nature des choses comme de celle des individus dans leur interaction avec le milieu social.


Le romancier réaliste rivalise avec la peinture, l'histoire et les sciences (les sciences exactes et les sciences de l'homme naissantes, la sociologie et la psychologie).

Il cherche à reproduire la réalité du quotidien (Balzac aurait inauguré « le roman où l'on mange »), à explorer tous les milieux sociaux (le peuple comme la bourgeoisie), à prendre en compte les explications scientifiques des comportements humains.

Il développe son sens de l'observation ("les inventaires de commissaire-priseur", les minutieuses descriptions de Balzac : "la description est elle-même l'action") et décrit avec précision le cadre spatio-temporel dont les personnages sont indissociables (l'espace devient "sécrétion humaine"): "enfin toute sa personne implique la pension comme la pension explique sa personne", Balzac, Le Père Goriot)


Les "effets de réel" (ou l'"illusion référentielle") : l'esthétique se veut objective.

La caractérisation du personnage commence par son nom ou son prénom. Ses autres caractéristiques sont principalement physiques, psychologiques ou morales. Toutes ont pour but de lui prêter une existence autonome et de lui donner vie et consistance dans l'imagination du lecteur.


L'enquête sociale : le personnage est surtout caractérisé historiquement et socialement par une condition et/ou des convictions et par sa "voix", c'est-à-dire par le style de son langage, quelle que soit la façon dont ses paroles sont rapportées (discours direct, indirect ou indirect libre comme souvent chez Flaubert et Zola). Dans Le Père Goriot de Balzac, Rastignac est "fils d'une famille noble", Julien Sorel, dans Le Rouge et le Noir de Stendhal, est "fils de bûcheron" et admirateur de Napoléon.

=> sujet de dissertation n°16 : " Un roman réaliste est un roman qui fait vivre devant nous dans un cadre minutieusement décrit – dont ils sont au reste inséparables – des personnages qui sont à la fois des types et des individus."

Pour renforcer ces effets, le romancier a souvent recours à la focalisation interne et au discours indirect libre. Il use (et abuse parfois) d'un vocabulaire technique, du détail vrai.

Les portraits de Mme Vauquer (Le Père Goriot, Balzac), de Catherine Leroux (Madame Bovary, Flaubert), de Jeanne (Une Vie, Maupassant).


Le cadre spatio-temporel : le portrait des personnages s'inscrit dans le cadre d'une description du cadre de vie qui précède souvent son entrée en scène (la description de Verrières dans Le Rouge et le Noir de Stendhal, celle de la pension Vauquer dans Le Père Goriot de Balzac ou du passage du Pont-Neuf dans Thérèse Raquin de Zola). La "captatio benevolontiae" de l'incipit se présente de façon plus variée : la description du cadre spatio-temporel, une scène (l'arrivée du nouveau et le chahut de la salle d'étude dans Madame Bovary de Flaubert), un portrait en action (Bel-Ami de Maupassant). Le héros est rarement décrit de manière statique (cf. Le premier portrait de Rastignac) : Zola met en scène l'arrivée d'Etienne Lantier aux mines de Montsou dans Germinal ou celle de Denise et de ses frères dans Au Bonheur des Dames.