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Le portrait – L'art du portrait
Le roman et ses personnages : visions de l'homme et du monde
X L'argumentation directe/indirecte - L'éloge et/ou le blâme (les degrés)
X Les mouvements culturels du XIXème siècle
Le personnage de roman : héros ou personnage ?
X Le théâtre – La poésie
Réalité ou fiction ? (p.539) – "miroir" ou "beau mensonge" ?
I – LIRE - Le roman de formation (ou d'apprentissage) : Le Père Goriot, Balzac
II – ECRIRE - le roman collectif générérationel et son making of
"La mission de l'art n'est pas de copier la nature, mais de l'exprimer! "Tu n'es pas un vil copiste, mais un poète !"
Balzac, Le Chef -d'oeuvre inconnu (1831)
L'ART DU PORTRAIT : du portrait physique au portrait moral (description et/ou argumentation), le portrait en action (scène ou dialogue)
L'ART DE LA DESCRIPTION : elle se fait en général de haut en bas (décrire signifie également énumérer) . Les Arts poétiques insistent sur la dynamique du mouvement vertical et l'exhaustivité.
Le portrait – L'art du portrait
Le roman et ses personnages : visions de l'homme et du monde
X L'argumentation directe/indirecte - L'éloge et/ou le blâme (les degrés) X Les mouvements culturels
Le personnage de roman : héros ou personnage ?
X Le théâtre – La poésie
Une enquête sur la place du sujet dans l'histoire des représentations
Réalité ou fiction ? (p.539) – miroir ou mensonge ?
I – LIRE - Le roman de formation (ou d'apprentissage) : Le père Goriot, Balzac
II – ECRIRE - le roman collectif générérationel et son making of
tempoeroman.blogspot.com
"La mission de l'art n'est pas de copier la nature, mais de l'exprimer! "Tu n'es pas un vil copiste, mais un poète !""
Le Chef -d'oeuvre inconnu, Balzac (1831)
L'ART DU PORTRAIT : Etre de papier, le personnage de fiction, s'il peut faire parfois faire rêver son lecteur, le séduire ou l'émouvoir au point qu'il peut apparaître comme un modèle et provoquer un processus d'identification (comme chez Emma Bovary, l'héroïne de Flaubert, grande lectrice de romans), reste pourtant une construction romanesque. Héros ou personnage, il peut aussi favoriser son apprentissage (sujets de dissertation n° 6 et 11).
La caractérisation du personnage commence par son nom ou son prénom. Les autres caractéristiques du personnage sont principalement physiques, psychologiques ou morales. Toutes ont pour but de lui prêter une existence autonome et de lui donner vie et consistance dans l'imagination du lecteur. Le personnage est aussi caractérisé historiquement ou socialement par une condition et/ou des convictions : dans Le Père Goriot de Balzac, Rastignac est "fils d'une famille noble", Julien Sorel, dans Le Rouge et le Noir de Stendhal, est "fils de bûcheron" et admirateur de Napoléon. Enfin, un personnage est caractérisé par sa "voix", c'est-à-dire par le style de son langage, quelle que soit la façon dont ses paroles sont rapportées (discours direct, indirect ou indirect libre comme souvent chez Flaubert et Zola).
Le portrait relève d'abord de la typologie du texte descriptif. Il peut être physique, moral et/ou inscrire le personnage dans une scène (portrait en paroles et en action). Le portrait médiéval est soumis à des règles précises, édictées par les Arts poétiques qui insistent sur l'exhaustivité, la dynamique du mouvement vertical et les couleurs. La description se fait de haut en bas, elle est, en général, statique ("décrire" signifie également énumérer) : on examine dans l'ordre la chevelure, le front, les sourcils et l'intervalle qui les sépare, les yeux, les joues et leur teint, le nez, la bouche et les dents, le menton ; puis le corps : du cou, de la nuque et des épaules aux jambes et aux pieds. Les couleurs du portrait sont également codifiées : le vermeil pour les pommettes et les lèvres ; le blanc pour le teint de porcelaine ; le doré (blond) pour la chevelure. Le portrait médiéval doit avant tout être lumineux. La description inaugurale possède souvent une valeur programmatique : dès la première apparition du personnage éponyme, le narrrateur brosse le portrait du chevalier idéal du roman courtois qui annonce l'histoire d'amour et de chevalerie. D' Erec et Enide de Chrétien de Troyes à La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette, le héros et l'héroïne sont d'une beauté superlative (cf. Le portrait du prince de Nemours). Enide, l'héroïne de naissance aristocratique, se distingue des paysans (les "vilains") par son éclatante beauté : malgré ses haillons et la misérable demeure où elle vit, Erec, le chevalier, n'a aucun mal à la reconnaître comme "sa dame".
La physiognomonie : l'éloge et/ou le blâme
Déjà, dans le portrait médiéval, le portrait physique est considéré comme le reflet de l'intériorité : un homme laid est forcément mauvais, une belle femme forcément sage et vertueuse. Dans la chanson de geste où les personnages sont des types (le chevalier, le roi, le traître, la femme à conquérir, etc.), cette logique du portrait convient parfaitement, mais dans le genre romanesque, les personnages s'étoffent et se complexifient : ils ne sont plus ni tout à fait bons ni tout à fait mauvais. Le roman se fait individuel, initiatique : il s'agit de l'histoire d'un individu, et pas de l'Histoire d'une nation. Le portrait physique du personnage, codifié portrait de l'âme, n'est plus toujours en adéquation avec le héros. Les changements de "vêture" marquent le plus souvent un changement social pour traduire une évolution au cours de son parcours initiatique : le costume et la nourriture signalent le statut social des personnages, symbolisent les situations de l'intrigue, soulignent les moments significatifs de la fiction.
LIRE : lecture comparée de deux portraits d'une même personne.
Comparez les deux portraits du père Goriot au début du roman de Balzac et analysez comment le changement de statut social du héros éponyme se révèle par la dégradation de son apparence physique et de son mode de vie (la description du corps, des postures du personnage, de son costume, de ses habitudes alimentaires et due son logement : le passage symbolique du 2ème au 3ème étage de la pension Vauquer), des réactions de son entourage.
ECRIRE : composition contrastée de deux portraits d'une même personne.
A votre tour, composez un double portrait en diptyque "à la manière de Balzac". Vous pouvez vous inspirer du sujet d'invention des EAF 2008 : décrire un personnage que le narrateur a connu beaucoup plus jeune et opposer cette description de l'image qu'il en avait gardée à celle qui se présente à ses yeux au moment où il raconte cette rencontre. Les modifications observées ne seront pas forcément des signes de dégradation : le personnage décrit peut avoir évolué de façon positive.
=> portraits comparés de Gervaise et de sa blanchisserie dans L'Assommoir de Zola
Dans le roman réaliste du XIXème siècle, le portrait des personnages s'inscrit dans le cadre d'une description du cadre de vie qui précède souvent leur entrée en scène (la description de Verrières dans Le Rouge et le Noir de Stendhal, celle de la pension Vauquer dans Le Père Goriot de Balzac ou du passage du Pont-Neuf dans Thérèse Raquin de Zola). La "captatio benevolontiae" de l'incipit se présente de façon plus variée : la description du cadre spatio-temporel, une scène (l'arrivée du nouveau et le chahut de la salle d'étude dans Madame Bovary de Flaubert), un portrait en action (Bel-Ami de Maupassant). Le héros est rarement décrit de manière statique (cf. Le premier portrait de Rastignac) : Zola met en scène l'arrivée d'Etienne Lantier aux mines de Montsou dans Germinal ou celle de Denise et de ses frères dans Au Bonheur des Dames.
La rhétorique classique distinguait la description qui a pour objet la figure, le corps, les traits, les qualités physiques ou seulement l'extérieur, le maintien, le mouvement d'un être animé, réel ou fictif (la prosographie), de la description qui a pour objet les moeurs, le caractère, les vices, les vertus, les talents, les défauts, enfin les bonnes ou les mauvaises qualités morales d'un personnage réel ou fictif. Elle opposait le portrait au caractère à partir du nombre d'individus porteurs des traits : si l'objet de la description était un individu, il était question de portrait, si elle tendait à la généralisation, de caractère.
A partir du XVIIIème siècle : le théâtre "de caractère" devient théâtre "de situation" (Diderot, Le Paradoxe sur le comédien).
Au XIXème siècle, le roman réaliste distingue "le type" à"l'individu".
Sujet de dissertation n°16. " Un roman réaliste est un roman qui fait vivre devant nous dans un cadre minutieusement décrit – dont ils sont au reste inséparables – des personnages qui sont à la fois des types et des individus."
Vous commenterez ce jugement en vous appuyant sur des exemples précis empruntés aux romans réalistes que vous avez étudiés et sur les textes du corpus.
cf. L'éloge et/ou le blâme (l'allégorie, la caricature, la satire : sublimation, idéalisation ou dégradation)
=> la galerie de portraits de "La Comédie humaine".
Le personnage est non seulement indissociable du milieu où il vit, mais il ne peut se concevoir sans une dynamique qui le fait entrer en relation avec les autres protagonistes (à l'intérieur du récit, un personnage de roman se définit par ce qu'il fait, de la même façon qu'un personnage de théâtre s'inscrit dans l'action dramatique). Force agissante ou élément passif, mû par ses désirs et des ambitions, capable d'actions ou enlisé dans l'inertie, il se situe nécessairement dans un schéma actantiel de la narration : dans L'Assommoir de Zola, le sujet qui accomplit l'action est Gervaise, l'objet de sa quête : le bonheur dans sa vie familiale et professionnelle, le destinataire : elle-même et ses enfants, l'adjuvant : Coupeau (avant son accident), les opposants : Lantier, l'alambic.
Le roman de formation (ou d'apprentissage) : un parcours initiatique.
Dans le roman médiéval, le lecteur comme le héros passe très rapidement du connu à l'inconnu, ce qui le déstabilise et l'invite à s'interroger ( (sujets n° 15, 17, 18, 21, 23). Il quitte le château, lieu de la familiarité, pour pénétrer dans la forêt qui représente l'univers de "la merveille".
Dans le roman balzacien, Rastignac quitte aussi la protection du château familial. Il se transforme au cours du récit à rebondissements. Mais, l'orientation de sa quête dans le roman de formation de Balzac se situe aux antipodes de la quête courtoise : in fine, ce n'est pas pour défendre et protéger "sa dame" , mériter son amour, qu'il met en oeuvre les ressources de son intelligence et de sa sensibilité, mais pour entrer dans la "jungle sociale" de "La Comédie humaine" et conquérir la capitale (l'argent et le pouvoir) :
"Rastignac, resté seul, fit quelques pas vers le haut du cimetière et vit Paris tortueusement couché le long des deux rives de la Seine, où commençaient à briller les lumières. Ses yeux s'attachèrent presque avidement entre la colonne de la place Vendôme et le dôme des Invalides, là où vivait ce beau monde dans lequel il avait voulu pénétrer. Il lança sur cette ruche bourdonnant un regard qui semblait par avance en pomper le miel, et dit ces mots grandioses : -- A nous deux maintenant !"
Le point de vue omniscient :
dans le roman médiéval, l'ironie marque souvent une distance amusée du narrateur vis à vis de ses personnages , d'où des pointes d'humour qui jalonnent le texte. Le narrateur se met parfois brusquement sur le devant de la scène. Son discours peut se faire moralisateur.
Dans le roman balzacien, le narrateur, présence diffuse, (dieu ou démiurge ?) est présent partout et nulle part (entre focalisation externe/interne et focalisation zéro). Au départ, le regard semble objectif (points de vues externes et internes distincts), puis le narrateur se confond avec l'auteur dans une vue d'ensemble de l'espace et du temps de l'action romanesque, excédant de beaucoup celle qu'en ont les divers personnages. Balzac, romancier « omniscient », dirige le lecteur et impose « sa vision ».
"Balzac est un visionnaire, mais un visionnaire passionné", Baudelaire
ARS : signifie à la fois savoir et savoir faire
PORTRAIRE : dessiner (1175 : portret, pourtrait)
PEINDRE : (1080) - lat pingere – 1. couvrir, colorer avec de la peinture => représenter, reproduire par la peinture (par le discours)
L'AUTOPORTRAIT : « Le sot projet qu'a eu Montaigne de se peindre », Pensées, Pascal (XVIIème siècle)
« Le charmant projet qu'a eu Montaigne de se peindre naïvement comme il l'a fait, car il a peint la nature humaine», Voltaire, Lettres philosophiques, 1734
"Quand je vous parle de moi, je vous parle de vous", Victor Hugo
LE PITTORESQUE : qui est digne d'être peint (1708 – it. Pittoresco, de pittore : peindre)
LA PHYSIOGNOMONIE : détermination du caractère d'une personne d'après les traits et la conformation de son visage, son apparence physique. La physiognomonie (du grec ancien physiko, le corps, et gnomos, la connaissance) connut son essor au XIXe siècle ; aujourd'hui elle n'a plus aucune autorité scientifique.
Bibliographie sommaire: le portrait, l'auto-portrait et l'autoportrait en littérature
Les Regrets, Du Bellay; Essais, Montaigne ;
Les Caractères, La Bruyère ; Maximes, La Rochefoucaultd ; Fables, La Fontaine ; La Princesse de Clèves, Mme de La Fayette ; les comédies de Molière (la scène des portraits dans Le Misanthrope, II, 4); les tragédies de Racine
Les Confessions, JJ Rousseau ;
René, Mémoires d'outre-tombe, Chateaubriand ;
"Fonctions du poète", Victor Hugo ; "L'Albatros", "Le Confiteor de l'Artiste", Baudelaire (autoportraits du poète)
A La Recherche du temps perdu, Proust
Enfance, Nathalie Sarraute; Les Mots, Sartre ; L'Age d'homme, Michel Leiris ; Si c'est un homme, Primo Levi ; La Douleur, Marguerite Duras ; La promesse de l'aube, Romain Gary...
Littérature et peinture : récits qui mettent en scène des personnages de peintres
(être/paraître – nature/art - « miroir »/ « beau mensonge » - vrai/faux)
Le chef-d'oeuvre inconnu ; La Maison du chat-qui-pelote : nouvelles de Balzac
L'Oeuvre, Zola (Claude Lantier, fille de Gervaise, frère d'Etienne dans Germinal)
Le Portrait, Les Nouvelles de Petersbourg, Nicolas Gogol
Le Portrait de Dorian Gray, Oscar Wilde
Narcisse et Goldmund, Rosshalde, Hermann Hesse
Comment Wang ô fut sauvé, Marguerite Yourcenar (Nouvelles orientales)
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